MUSIQUE(S)




Le reggae est le grand amour musical de Koltès. Il ne cessera de l'affirmer: avec Bob Marley, Burning Spear, Black Uhuru ou Steel Pulse. Dans ces interviews, il citera d'avantage ces musiciens que Bach, Schubert ou Bartok, qu'il continuera à écouter tout autant.
Pourquoi ?
Les premiers appartiennent à l'expérience de la communauté. Les derniers à l'expérience de la solitude. 

Cette musique, faite entièrement de rythme et de pulsation, lui parait le grand modèle d'écriture.
"J'ai trouvé dans le reggae l'équivalent esthétique de tout ce qui m'attire chez mes écrivains préférés. Le reggae à cause de son système rythmique (une inversion radicale du temps fort et du temps faible) est à mon avis une musique qui transcende sa propre qualité musicale"

Ce que cherche Koltès, c'est la musique intérieure d'un personnage: ce tressage de musicalité, de rythme et d'écho, de battement par récurrences et variations au sein d'un patron de pulsations ordonnées qui est son timbre, son aura.

Dans le contretemps se fait entendre une position dans le monde où le mineur est plus essentiel et moteur que le majeur.
Mais comment écrire cette minorité quand on est de culture européenne ? Comment l'écrire dans une langue majeure par excellence, le français, langue de colon, langue blanche ?

"Une littérature mineure n'est pas celle d'une langue mineure, plutôt celle qu'une minorité fait dans une langue majeure." écrivent Deleuze et Guattari.

"Mes racines, elles sont au point de jonction entre la langue française et le blues"